Elle était belle, sans artifice, pas trop sûre d’elle. Elle qui, sauvage et libre, cherchait à plaire, provoquant volontairement quelques éclairs. Elle est la fille de l’eau, celle que les marins refusaient de croiser mais qui était difficile à oublier. Qu’avait elle de si fort pour que les hommes puissent la détester et en même temps tant l’aimer, la désirer, jusqu’à vouloir souhaiter s’égarer. Cette chimère, rare et mystérieuse, qui arrivait à retourner le cœur de ces âmes déchirées, qu’avait-elle à gagner? Elle qui elle aussi était brisée, vide de sens, en quête de délivrance, cherchait-elle à combler ce manque profond de passion, recherchant en l’autre une plus grande vibration? Elle pleurait, souvent, c’est ce qui la rendait vivante et qui la tuait à petit feu en même temps. Elle n’avait pas cette intention de faire souffrir mais elle savait pertinemment que l’amour qu’elle donnait serait proportionnel à la torture qu’elle infligerait. C’était pourtant plus fort qu’elle, comme inné, faisant partie intégrante de sa manière de fonctionner. Comme une drogue, un manque à combler, elle faisait tout pour que sa vie vibre à travers eux. Cela ne suffisait pas, car la passion nous le savons s’estompe peu à peu, laissant les jours heureux faire place aux malheureux. Cherchant sans cesse à vivre intensément, elle en oubliait de vivre tout simplement. Elle insufflait la vie autour d’elle mais la vie perdait de sa beauté au fur et à mesure qu’elle en donnait. Le malheur qui venait en suivant l’anéantissait, la détruisait. Mais comment faire autrement quand on ne connaît que ce mode de fonctionnement? Comment trouver un autre moyen d’aimer qui ne se transforme pas continuellement en un raz de marée? Cette réponse là, elle ne l’aura jamais trouvé. Tout comme ces marins avaient volé en elle bons nombres d’étincelles, elle avait perdu peu à peu la flamme qui l’animait, ne pouvant faire autrement que lentement se noyer. Alors cette belle sirène, perdue et solitaire, se laissa glisser dans les abysses sans que personne ne cherche à la sauver. C’était le seul moyen pour elle de s’apaiser, de retrouver la paix. Plus aucune vie ne serait alors chamboulée, pas même la sienne. Avait-elle eu raison de sombrer ? Ou était-elle passé à côté de ce qu’elle avait toujours désiré?.. Ces questions resteront en suspension dans l’océan le plus profond, là où seules les âmes les plus tristes un jour s’aventureront.
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