Et là, le temps d'un instant, d'une discussion ouverte et sans barrière aucune, mon monde s'écroule à nouveau. J'ai l'impression de perdre pieds, de retomber dans cette immensité que je ne peux plus contrôler. Des mots sont envoyés directement sur mon cœur un peu déstabilisé et j'encaisse. Moi qui pensais être de taille, pouvoir rétorquer en faveur de moi-même, me voilà piégée. Piégée par ces émotions qui me traversent et que je n'avais pas prévue d'accueillir maintenant, piégée par mon manque de répondant car mon cœur prends le dessus à cet instant.
Je ne contrôle plus rien. J'ai beau essayer de garder la face, de ne pas sombrer encore plus dans ma vulnérabilité, cela devient pourtant très compliqué. Les émotions sont là, je dois accepter de les traverser. Mais si je fais cela, là, de suite, maintenant, alors les portes seront ouvertes et les mots qui sortiront de sa bouche ne feront que m'envahir plus rapidement. Pourquoi fais t'il cela ? Moi qui semblais aller bien ces dernières semaines, qui pensais avoir repris confiance en moi même, qui mettais de côté des choses qui me semblaient compliquées et lâchais prise sur ce qui me faisait douter.
Il a suffit de quelques mots, dans un moment où la confiance était telle que mon cœur était grand ouvert, ne pensant pas recevoir de sa part ces mots si impactant, m'atteignant directement.
Je tente de faire un check up de moi même: mal de tête, ventre qui se contracte, gorge nouée et les larmes qui montent. Plus j'essaie de les retenir et plus mon esprit se met en mode panique, ne sachant plus quoi faire. Après la panique, une émotion prédomine par dessus toutes les autres : la colère.
Est ce que je lui en veux, à lui ? Ou est ce mon incapacité à contrôler qui m'énerve ? Au final ce qu'il dit n'est pas sensé m'atteindre à ce point. Ce qui crée cette émotion en moi fait justement partie entière de moi. Alors quand la colère s'estompe, que la brume s'efface, je m'aperçois de ce que je me suis infligée et des doutes qui me sont arrivés. OK, c'est arrivé. J'ai ressenti tout ça et c'était plus fort que moi. J'ai douté, pleuré, j'ai tenter de me détester, mais je crois qu'au final ce qui doit se poser c'est pourquoi cela est il arrivé ? Si j'ai réagi autant, c'est que quelque chose en moi a été bousculé, quelque chose qui est là et que je dois accepter. Cette part que je mets trop souvent de côté, que je n'aime pas regarder. Ce côté sombre de moi-même qu'il m'est impossible d'apprivoiser. C'est exactement cette face là qui a été touchée.
Qu'est ce je dois faire ? Laisser exprimer ma colère ? Peut être faut il que je la laisse sortir pour ne pas qu'elle me consume. Il faut que je la digère, que je tente de la comprendre. Est ce que je dois le rappeler ? Essayer de m'exprimer à nouveau ? Me défendre et faire semblant d'avoir repris ce pouvoir que seul moi puisse avoir sur moi.
NON. C'est exactement ce pourquoi j'ai été tant touchée. Car oui, je dois l'accepter, me défendre n'est pas la chose qui m'est le plus aisé. Les mots par écrit me paraissent pourtant simple, mais oralement le relation directe à mon cœur est beaucoup plus compliquée.
Alors je lâche prise, et je fais ce pour quoi je suis le plus confortable: écrire.
Sur le papier tout me semble plus fluide. Cette connexion à mon cœur se fait plus naturellement, sans jugement, sans élément extérieur qui pourraient m'influencer, faisant jouer le mental plus que ce qui est vrai. Alors je laisse aller ma plume, je pose sur papier ce que mon cœur me dicte et je laisse partir la colère et tous ces ressentis qui ont traversé mon être lors de cette soirée.
C'est clair, limpide, je me sens apaisée. Ce moment de contrariété aura permis de mettre le doigt sur une partie de moi qu'il m'est difficile d'accepter. Je fini par me dire que je m'aime, que je ne suis pas parfaite. Que la vie quoi qu'il en soit me mettra à l'épreuve encore quelques fois. Mais que toujours, au fond, je saurais qui je suis et que personne ne doit dorénavant me faire douter ainsi, ...ou du moins trop longtemps.
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