Ok. Ça y est. Tu t'es envolé..
Tout est allé tellement vite.
Je me vois, là, devant tous ces portiques. Ces gens qui partaient vers une destination qu'ils rêvaient, sortant leurs billets et passeports, excités, enthousiasmés. Des familles en vacances, des personnes qui voyageaient pour travailler, ou simplement de jeunes aventuriers en quête de nouveauté. J'entends encore la petite voix de l'hôtesse au contrôle qui disait qu'il fallait embarquer vite, et ne pas s'attarder. Toi tentant de trouver un moyen de repousser le moment, même si je savais pertinemment que ce n'était plus possible.
En l'espace de quelques minutes, quelques secondes, mon cerveau avait décidé de ne plus fonctionner. J'entendais le monde se mouvoir autour et je te regardais, toi. Comme si ces derniers instants devaient rester gravés, pour ne pas oublier. Tes parents étaient à côté mais je n'osais pas les regarder. Seul toi comptais à cet instant, juste toi. Je n'entendais plus que le tambourinement de mon cœur qui battait, de plus en plus insistamment, de plus en plus violemment.
Il s'est passé quatre mois.. Déjà.. Quatre mois depuis nos premiers mots, nos premiers regards. Ça paraît court dit comme ça et pourtant si long. Il y a eu beaucoup en tellement peu de temps.
Des émotions sont apparues, jusqu'à atteindre des sentiments.
Et là, en 30 misérables secondes, au milieu de ce grand aéroport, tout s'arrêtait.. Juste le temps de sentir ton étreinte, humer une dernière fois ton odeur et discerner une larme couler sur ma joue jusqu'à atterir dans ton cou.
À ce moment précis je ne voulais pas te lâcher, mais la force me manquait et je sentis ton corps se détacher pour partir en direction des portes. Tu esquissas un aurevoir de la main, timide et frustré par ce manque de temps. Et puis tu disparus..
Je crois qu'à ce moment tout mon être s'arrêta. Je sentis ma respiration se stopper, mon rythme cardiaque diminuer. Et, après quelques secondes, dans un élan de lucidité je me mis à inspirer, difficilement, pour essayer de garder la face devant tes parents.. Je devais tenir bon, encore. Je devais me dire que ce n'était pas une fin, que je te reverrais, même si tu étais loin, trop loin.. J'essayais de me persuader, car il fallait assumer, ne pas craquer.. Mais c'était compliqué.. Je parvins tout de même à suivre le cortège et atteindre le parking pour le trajet retour. À cet instant, une sonnerie retentît et je vis ton nom inscrit sur le téléphone que je tenais avec fébrilité. Mon corps se reveilla d'un coup et je décrochai. Je perçu quelques mots: "un marteau qui ne passait pas", "l'hôtesse qui voulait que tu le laisse" et ce "besoin de venir le chercher". Sans hésiter je prévenais mes accompagnateurs que je devais te retrouver. Je ne laissais pas même une autre solution se poser que je partis en courant dans ce grand couloir qui me ramenait à toi. Il fallait voir l'image: moi, sanglotant, en train de courir de manière chancelante au milieu de ces gens. Je ne portais aucune attention à la vie qui m'entourait et n'avais simplement qu'en tête de te rejoindre. Arrivée près des portiques de sécurité je ne te vis pas de suite.. Je tentais de passer ma tête pour voir si tu arrivais, mais rien. L'attente me paraîssait une éternité. Je cherchais à sécher mes larmes pour ne pas te montrer à quel point j'étais triste, désemparée. Je n'avais pas envie que mon état t'effraies. Je voulais que tu sois heureux de partir, que tu ne te soucis de rien d'autre que toi, de ta vie qui t'attendais là bas. À cet instant alors, je te vis passer le poste de sécurité et mon coeur se mit à battre à nouveau. Tu étais en nage, complément speedé. Tu me donnais ton marteau et me serrais dans tes bras, fort. Et puis tu me glissa doucement à l'oreille que la vie voulait sûrement que l'on se revoit, une dernière fois.. Je sentais, en te serrant contre moi, la moiteure de ton corps attestant à quel point tu devais te presser. Je te laissais me donner un dernier baiser et je te vis t'en aller, revivant la scène que j'avais vécu quelques minutes plus tôt.. C'etait bien évidemment tout aussi douloureux, mais tes parents cette fois n'étaient pas là et je m'autorisais à craquer. Je repartais les retrouver, marteau à la main, laissant se vider toutes les larmes qui se cumulaient en moi. Les gens me regardaient, mais je ne les voyais pas. Arrivée au moment de sortir, je tentais de me ressaisir. Ta mère m'accueilli, son regard rempli de compassion et nous partîmes en direction de la voiture pour rebrousser chemin.. À cet instant je sû que ça allait être dur. Qu'il me faudrait être forte pour ne pas vouloir fuir, te retrouver. Je savais que je devais rentrer, affronter ma vie qui elle était restée ici. J'avais des choses à régler. Je devais me retrouver, me battre et accepter. La seule chose qui pouvait me faire tenir était l'espoir d'un jour te revoir. Mais pour cela je devais être moi, et me dire que la vie avait un plan pour ça. Je devais avoir foi.
Je décidais de me laisser un temps pour digérer tout ça et m'autorisais à pleurer pour ensuite voir plus clair.
Car comme le disait un grand philosophe: "Il faut avoir du chaos en soi pour accoucher d'une étoile qui danse" Frederich Wilheim Nietzsche
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